Attitudes et jugements sociaux : Quelles perceptions des groupes sociaux minoritaires et quelles implications à l'école? 27 mai 2021 Par Maria Popa-Roch (LISEC, UR 2310)

Conférencier

Maria Popa-Roch est Maître de conférence en psychologie sociale, titulaire d'une habilitation à diriger les recherches et membre du Laboratoire interuniversitaire des sciences de l'éducation et de la communication (LISEC). Elle s'intéresse aux mécanismes psychosociaux impliqués dans la stigmatisation de groupes sociaux minoritaires, ainsi qu'à leurs conséquences.

Résumé

Accueillir les enfants à besoin éducatif particulier dans les écoles ordinaires est considéré comme le meilleur moyen pour lutter contre les attitudes discriminatoires et pour atteindre les objectifs d’apprentissage pour tous les enfants. Les bilans dressés quant aux résultats de l’école inclusive en France sont cependant mitigés. Les travaux présentés dans le cadre de ce séminaire visent à mettre en lumière des processus psycho-sociaux mobilisés dès lors que des enfants « différents » sont accueillis à l’école au même titre que tout autre enfant. Trois lignes de recherche seront présentées.

Premièrement, dans une série d’études nous montrons qu’à l’instar du racisme et du sexisme, à l’école, le traitement inégalitaire des enfants en situation de handicap est légitimé, ce qui le rend peu détectable, aussi bien par les enseignants à l’origine de ces discriminations que par les enfants qui en sont les victimes. Deuxièmement, dans deux autres programmes de recherche menés auprès d’enfants dyslexiques ou atteints de handicaps invisibles en raison de leur maladie, nous montrons que les jugements sociaux et les jugements de soi de ces enfants reflètent les stéréotypes qui véhiculés sur les personnes en situation de handicap au niveau. Les contextes scolaires sont dès lors menaçants pour ces enfants, ce qui les mène à échouer dans des domaines pour lesquels leur handicap n’est pas pertinent. Troisièmement, nous nous intéressons à l’impact du jugement social vis-à-vis d’enfants issus de milieux sociaux défavorisés sur la qualité des enseignements qui leur sont dispensés (Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire, CNESCO, 2016). Nos premiers résultats montrent que les enseignants de maternelle des réseaux d’éducation prioritaire (REP) mobilisent des méthodes moins efficaces pour l’apprentissage de la lecture que ceux des écoles hors REP. Nous testons l’hypothèse selon laquelle les jugements vis-à-vis de cette catégorie sociale expliquent cette répartition inégalitaire des méthodes d’enseignements. L’ensemble de ces résultats de recherche sont exploités dans des programmes de formation des enseignants. Nous testons leur impact sur le changement des perceptions sociales vis-à-vis des enfants en situation de handicap à l’école.