Nous vivons déjà dans un monde de science-fiction : à quoi bon en lire ? 14 janvier 2021

par Philippe Clermont, PU, Configurations Littéraires UR 1337

Conférencier

Philippe Clermont est Professeur des Universités, Directeur de l'INSPÉ de l'Académie de Strasbourg et membre du laboratoire Configurations littéraires (UR 1337).

Ses recherches portent sur la création littéraire contemporaine en science-fiction, ses relations à la littérature dite générale, aux genres fantastique et de la fantasy. Il s'intéresse également aux pratiques de lecture des grands collégiens (élèves de 3e) et à la littérature de jeunesse. 

Résumé

La présentation envisagée se propose de rendre compte d’un « tournant éthique » tant des études littéraires que de la didactique de la littérature. Autrement dit, il s’agira – à partir de l’exemple particulier de la science-fiction – de faire un point sur « ce que peut la littérature1» dans la perspective des relations possibles entre littérature et éducation, « éducation » entendu au sens large. La littérature mais aussi, de façon plus générale, la fiction – car le propos s’étendra en partie aux fictions multimédiatiques – portent en elles la possibilité de réorganiser les perceptions du monde des lecteurs et des lectrices. La multiplication relativement récente de références à la science-fiction à propos du monde réel, soit pour dire que la réalité dépasse cette fiction-là, soit pour montrer dans quelle mesure cette fiction peut aider à penser le réel, est un indice fort montrant que la science-fiction est bien une « littérature à potentiel heuristique pour temps incertains2 ». Deux pistes seront empruntées – pour l’essentiel - dans le cadre d’une approche culturelle de la littérature : la science-fiction, un pont entre sciences et société, afin de rendre compte comment la littérature peut « faire cas » (étude de cas, cas de conscience, cas juridique, cas prospectif…) ; la science-fiction et le sujetlecteur, afin de montrer comment la littérature peut contribuer au développement de compétences de lecture et de compétences éthiques chez des jeunes.

Parmi les œuvres, essais ou expériences qui serviront d’appui à la conférence :

  • Libère-toi cyborg essai de Ïan Larue sur le « pouvoir transformateur de la science-fiction féministe »
  • Lothar Blues roman de Philippe Curval pour penser le droit des robots
  • Le « Comité de science-fiction » projet d’Anne-Caroline Prévot et Sabine Bognon, pour imaginer la transition écologique
  • Des « textes-pièges » que propose la science-fiction : « Cycle de survie » (Pattern for survival, 1955) de R. Matheson ; « Celui qui attend » (The One who Waits, 1949) de R. Bradbury ; « Le village enchanté » (The Enchanted Village, 1950) de A. E. Van Vogt ; « Corrida » (« Corrida », 1968) de R. Zelazny
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Pour se reposer des risques pandémiques et autres, c’est tout à fait volontairement que ne seront pas abordés – à une exception près - comme exemples les récits de catastrophes ou post- cataclysmiques…


1 Pour reprendre ici le titre d’un ouvrage d’Alain Finkielkraut paru en 2006 (Stock).

2 Pour faire référence à la démarche de Yannick Rumpala (2015). « Littérature à potentiel heuristique pour temps incertains ». In revue Methodos [En ligne], 15 – 2015, mis en ligne le 24 juin 2015, consulté le 2 octobre 2019. URL : http://journals.openedition.org/methodos/4178 ; DOI : 10.4000/methodos.4178.