Écrire au féminin, penser (entre) les langues, un double exil ? Journée d'études - 1er décembre 2016

Écrire au féminin, penser (entre) les langues, un double exil ?
Altérité linguistique dans la création littéraire des femmes (1875 –2015)

Journée d'études organisée par :

  • Britta Benert (EA 1337 – Université de Strasbourg/ESPE)
  • Mateusz Chmurski (UMR 8224 EUR’ORBEM et PHILIXTE – Université Libre de Bruxelles)
  • Luba Jurgenson (Université de Paris-Sorbonne et UMR 8224 EUR’ORBEM, CNRS – Paris-Sorbonne)

 

Programme

10h00Discours d’ouverture par Guy Ducrey, directeur de l’institut de littérature comparée, Université de Strasbourg
10h15-11h00Introduction à la thématique (Britta Benert, Mateusz Chmurski, Luba Jurgenson)
11h00-11h45Lioudmila Chvedova, MCF, Université de Lorraine – CERCLE EA 4372
Lydia Delectorskaya (1910-1996) : transformation d’un modèle en écrivain-biographe
11h45-12h30Anna Lushenkova-Foscolo, docteur – UMR 8224 EUR’ORBEM
Marina Tsvétaéva, traductrice et poétesse
12h30-14h00Buffet
14h00-14h45Suzel Meyer, doctorante – Université de Strasbourg
Virginia Woolf : la difficulté à écrire au féminin dans une langue masculine
14h45-15h30Cécile Rousselet, doctorante – CERC, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle et UMR 8224 EUR’ORBEM
Le plurilinguisme comme dessin d’un entre-deux. Esther Kreitman : affirmation de la marge et réappropriation identitaire
15h30-15h45Pause-café
15h45-16h30Nathalie Carré, MCF, INALCO – EA 4514 PLIDA
Les langues pour se dire : plurilinguisme chez deux auteurs africaines (Ken Bugul et Yvonne Owuor)
16h30-17h15Myriam Geiser, MCF, Université Grenoble Alpes, EA 7356 ILCEA4
Yoko Tawada et Zehra Çirak: deux poétesses de la subversion linguistique
17h15-18h15Bilan
19h30Dîner

Jeudi 1er décembre 2016
SPE, Site de la Meinau - 141 avenue de Colmar - 67100 Strasbourg
Arrêt tram : « Krimeri/Stade de la Meinau »

 

Argumentaire

La rencontre aura pour but de préparer un colloque d’envergure internationale programmé pour le premier trimestre 2018. Il s’agira de discuter la validité de l’argumentaire ci-dessous ainsi que de dégager différents axes de réflexion (en vue des sessions du colloque). 

Le colloque programmé (sujet de réflexion de la présente journée d’étude) s’inscrit dans la prolongation de deux champs d’investigation.

D’une part, avec la publication de l’ouvrage Paradoxes du Plurilinguisme littéraire 1900 (Benert, 2015), nous avons voulu élargir la problématique du changement des langues et/ou du mélange des langues au sein même des textes, en partant d’une approche résolument diachronique. La dimension historique contribue en effet à complexifier un domaine de recherche où des études consacrées à la littérature d’aujourd’hui (dite « migrante ») foisonnent mais où l’analyse de la diversité linguistique se limite souvent à pointer ses liens avec les phénomènes actuels de mondialisation. La focale portée sur la période 1900 fait émerger une attitude foncièrement paradoxale à l’égard du plurilinguisme littéraire, entre glorification et rejet, et aide à aborder avec plus de discernement certains des paradoxes du plurilinguisme littéraire d’aujourd’hui.

D’autre part, un accent fort sera mis sur l’importance de la belle époque pour l’évolution de l’écriture féminine, marginalisée tout au long du XIXe siècle, à de rares exceptions près. En effet, étudier l’importance identitaire des journaux personnels et leur rôle pour la création fictionnelle des auteurs tant marginaux que marginalisés dans le contexte culturel centre-européen (Chmurski 2012) nous a permis de constater que le cadre traditionnel de littératures nationales, issu du XIXe siècle et canonisé par la recherche littéraire dominante, ne suffit plus à circonscrire les phénomènes artistiques de l’époque 1900. Plurilingues, métafictionnels, transgressifs à plusieurs titres, les œuvres de l’époque s’avèrent le laboratoire où se construit, au cas par cas, une identité plurielle, dont se nourrissent les décennies suivantes. Or, s’il est possible de constater un essor considérable des analyses et du plurilinguisme, le rôle des écrits féminins dans ces processus n’a pas encore été proprement exploré.

Quels rapports peut-on observer entre l’érosion des genres littéraires traditionnels, l’émancipation de l’écriture féminine et l’évolution de la littérature moderne ? À travers les œuvres de nombreuses auteures qui, de Lou-Andreas-Salomé et Maria Komornicka-Piotr Włast à Agota Kristof, décidèrent d’exprimer leur identité mouvante entre les langue(s), le colloque explorera l’hypothèse du dernier quart du XIXe siècle en tant que moment clé de l’émancipation des écrits de femmes plurilingues. Nous interrogerons l’importance de cette période charnière pour les écrits du siècle dernier, sans négliger pour autant les ouvertures thématiques, génériques et théoriques, et notamment la théorie du genre.

En liant les problématiques de la création littéraire des femmes et de l’altérité linguistique, il s’agira d’interroger une marginalisation potentiellement double : du fait du plurilinguisme et du fait de créer en tant que femme. Le cadre historique choisi, pour sa part, vise à réfléchir sur les continuités et ruptures des identités en crise. Il sera accompagné d’une ébauche de réflexion théorique de ces enjeux encore trop peu connus.