Malaise et souffrance à l'école : comment aider les enseignants ? Journée d'études - 8 juin 2018

Le nombre croissant d’études portant sur le désengagement des enseignants novices, leur retrait, voire sur le décrochage des enseignants (Alava, 2015 ; Karsenti, Collin & Dumouchel, 2013 ; Karsenti, 2017), témoigne d’une préoccupation scientifique grandissante pour l’accompagnement des jeunes enseignants à l’entrée dans le métier. Particulièrement important outre-Atlantique, le départ prématuré d’enseignants au cours de leurs premières années d’exercice du métier en France est un phénomène en constante évolution.

Depuis plus de 40 ans, la littérature foisonne de recherches pointant, comme le décrivait Lortie dès 1975, le « choc de l’entrée dans le métier ». Ce constat reste criant d’actualité lorsqu’on observe l’inconfort vécu par les enseignants novices face à la complexité du métier et son évolution permanente (Ria, 2009), leurs « malaises » (Barrère, 2017, Debarbieux, 2017), les tensions et les doutes qu’ils manifestent face à un métier plus exigeant qu’ils ne l’avaient imaginé (Giust-Desprairies, 1996), ou encore leur faible résilience lorsqu’ils manquent d’efficacité et qu’ils perçoivent un manque d’effets de leur pratique sur les apprentissages des élèves (Gu & Day, 2007; Saujat, 2007 ; Thevenot & Metz, 2010). Le sentiment d’ « incompétence pédagogique » (Martineau & Presseau, 2003) qu’ils peuvent nourrir au vu de leurs premières expériences en classe, peut expliquer leur difficulté à façonner leur identité professionnelle (Zimmermann & Méard, 2015). En effet, ils sont constamment amenés à réorganiser leur travail pour s’impliquer dans le « millefeuille de dispositifs » (Felix, Saujat & Combes, 2012) destinés par exemple à endiguer la difficulté scolaire. Ainsi, en France, 47% des jeunes enseignants se trouvaient en état d’épuisement professionnel en 2013 (Bergugnat & Rascle, 2013).

Paradoxalement, il n’existe aucun dispositif institutionnel mis en place à l’échelon national pour lutter contre le décrochage professionnel des jeunes enseignants, en dehors des injonctions présentes dans les missions des ESPE. Charge à ces dernières, en relation avec les rectorats, de repérer les fonctionnaires stagiaires en difficulté et de mettre en place des dispositifs d’accompagnement.

In fine, la recherche ambitionne d’aider les jeunes enseignants en difficulté à « raccrocher » le métier et à se développer professionnellement (Clot, 2008). Cet enjeu est essentiel pour lutter contre le décrochage scolaire des élèves, puisque plusieurs auteurs s’accordent à poser l’hypothèse d’un « double décrochage » (Karsenti & Collin, 2009) et d’une corrélation entre le décrochage professionnel de l’enseignant et le décrochage scolaire de l’élève (Hugon, 2010 ; Moussay, 2014).

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8 juin 2018
ESPE - campus de la Meinau