Cette conférence-débat est programmée en présentiel le 25 mai 2023 de 16h30 à 18h00,
en salle des Conseils, premier étage, INSPÉ Meinau
Conférencière
Maria Popa-Roch est Maîtresse de conférences en psychologie sociale, titulaire d'une habilitation à diriger les recherches et membre du Laboratoire interuniversitaire des sciences de l'éducation et de la communication (LISEC).
Elle s'intéresse aux mécanismes psychosociaux impliqués dans la stigmatisation de groupes sociaux minoritaires, ainsi qu'à leurs conséquences.
Résumé
L’application des politiques de l’école inclusive en France produit des résultats mitigés (CNESCO, 2016). Malgré les bénéfices de l’inclusion scolaire pour tous les enfants, avec ou sans handicap, les recherches montrent l’existence de résistances des enseignants à inclure les enfants en situation de handicap dans leurs classes (Yada et al., 2022). Le refus d’inclure un élève en situation de handicap dans les classes ordinaires s’apparente à de l’exclusion, donc à de la discrimination. Cette discrimination en contexte scolaire entre en contradiction avec la norme d’anti-discrimination vis-à-vis des personnes en situation de handicap (Crandall et al., 2002). Justifier le comportement discriminatoire de manière bienveillante peut être un moyen de résoudre cette contradiction. La présente recherche a pour objectif d’étudier pourquoi la discrimination envers les enfants en situation de handicap à l’école peut rester inaperçue et non sanctionnée lorsqu’elle est justifiée de manière socialement acceptable (e.g., mise en avant du bien-être des élèves). Les résultats montrent que dans un contexte scolaire inclusif, les enseignants perçoivent plus de discrimination émanant d’un pair lorsqu'il exclut un élève en situation de handicap sous couvert de justification hostile plutôt que bienveillante. De plus, les enseignants manifestent davantage d’intention de se distancier d’un pair qui discrimine en raison de justifications hostiles plutôt que bienveillantes. Cette distanciation est à la fois symbolique (i.e., la dé-identification au discriminateur) et pragmatique (i.e., le backlash du discriminateur). Enfin, cette intention de se distancier du discriminateur est médiatisée par une plus grande perception de la discrimination en cas de justification hostile plutôt que bienveillante. En conclusion, ces résultats indiquent clairement une plus grande acceptation de l'enseignant qui a fourni des justifications socialement désirables socialement pour discriminer un élève en situation de handicap. Nous discuterons ces résultats à la lumière de la littérature portant sur l’acceptation sociale de préjugés et de conduites discriminatoires. Nous discuterons également de leurs implications dans le cadre des politiques d’inclusion scolaire.
Bibliographie
Bastart, J., Rohmer, O., & Popa-Roch, M. A. (2021). Legitimation of discrimination against students with disabilities in school: The role of justifications of discriminatory behaviours. International Review of Social Psychology, 33(1), 1-11. DOI: 10.5334/irsp.357
Crandall, C. S., Eshleman, A., & O’Brien, L. T. (2002). Social Norms and the Expression and Suppression of Prejudice: The Struggle for Internalization. Journal of Personality and Social Psychology, 82(3), 359–378. https://doi.org/10.1037//0022-3514.82.3.359
Rohmer, O., Jury, M., & Popa-Roch, M. A. (2022). Inclusion scolaire des élèves en situation de handicap: Approche psycho-sociale. Collection « Psychologie et Société », Presse Universitaire de Bruxelles.
Attestations de présence envoyées sur demande en contactant service-vie-scientifique[at]inspe.unistra.fr