Editorial
Automne 2025, une saison que les amateurs de séries n’oublieront pas tant elle est riche en rebondissements. Nos équipes pédagogiques et administratives sont sur le pont pour remonter les dossiers d’accréditation de la future licence professorat des écoles (septembre 2025), des nouveaux masters éducation et enseignement (M2E) qui remplaceront les masters MEEF à la rentrée 2026 (date limite fin octobre), des évolutions des parcours en Sciences de l’éducation et de la formation (entre octobre et décembre pour les différentes étapes). Bref, en une année, c’est la totalité de nos diplômes qui auront été accrédités et/ou profondément modifiés. Je voudrais donc tout d’abord vous remercier chacune et chacun pour ce travail collectif et collaboratif, et ce d’autant plus que la conduite des chantiers qui impose cette importante charge de travail s’opère dans un climat ambiant qui ne brille pas par sa sérénité. En effet, nous vivons une période de turbulences politiques sans doute sans précédent depuis de nombreuses décennies. Comment garder le cap ? Comment rester optimiste ? Comment donner sens à nos actions quotidiennes quand l’État lui-même navigue dans la tempête en espérant un cap que nous avons du mal à entrevoir ?
Les débats nationaux nous font la démonstration d’une bataille d’idées, de réflexions, de conclusions, de raccourcis, de formules chocs qui fusent de toutes parts. Pourtant, le monde universitaire qui est le nôtre est rodé à ce type de joutes oratoires tant un scientifique ne craint pas la confrontation mais au contraire il la recherche, c’est ce qui fait avancer la science. Alors pourquoi serions-nous déstabilisés par ce climat de débat incessant ? J’ose proposer que si la science intrinsèquement n’instrumentalise pas ses idées - « Une idée que j'ai, il faut que je la nie ; c'est ma manière de l'essayer. » disait Alain -, dans notre contexte sociétal l’idée n’est souvent plus cet objet utile pour tendre vers une compréhension collaborative mais plutôt un outil voire une arme pour déstabiliser celui qui pense autrement, et ainsi servir des intérêts partisans.
Si l’idée même change de statut, alors il nous faut sortir du jeu et redémarrer au départ : l’idée dans notre monde universitaire vient après la question. La question elle-même s’enracine dans le contexte, que nous pouvons nommer valeurs ou enjeux, bref ce qui initie et donne sens à nos décisions et nos actions. Pour rester sereins, revenons à l’essentiel de nos missions. Nous sommes là pour former les maîtres, les formateurs, les conseillers, bref les cadres de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, pour qu’à leur tour ils puissent, chacun avec son identité professionnelle et ses compétences, accompagner ceux qui leur seront confiés dans l’acquisition de leurs apprentissages. Notre enjeu, c’est donc d’agir pour la formation des générations futures, nos valeurs sont celles de la République, notre valeur ajoutée, la rigueur de la démarche académique, c’est à dire celle qui est une école à penser pour former le citoyen et le professionnel de demain. C’est cela que nous partageons, à nous de le faire vivre.
Dans toute bonne saison, il y a des rebondissements, des acteurs qui arrivent, et d’autres qui partent. Aujourd’hui, c’est le directeur des services de composante de l’INSPÉ, Bertrand Bultingaire, qui nous quitte. Il va rejoindre l’Université de Lorraine. Il va nous manquer, c’est certain. Nous avons apprécié au long de ses années son sens du service public, sa proximité avec les équipes, la qualité de son accompagnement des personnels dans l’évolution de leur carrière, mais plus encore ses formidables qualités humaines qui permettent aux uns et aux autres de se sentir bien dans son cadre professionnel. Ses enjeux : c’était l’INSPÉ, c’était vous ; ses valeurs : le sens du service, la bienveillance, l’écoute, la responsabilité et la loyauté. Alors, cher Bertrand, pour tout cela et bien d’autres choses encore, sois remercié !
François Gauer
